mardi 5 février 2008

Le commerce équitable en RHF

La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourissent.
Aphorisme de Brillat-Savarin

Le consommateur européen est de plus en plus sensible à la qualité des produits qu'il achète, que ce soit sur le plan sanitaire, environnemental ou social. Peu à peu son comportement face à l'acte d'achat se rationalise et se responsabilise. Il devient attentif en particulier aux conditions de production et de commercialisation des biens qu'il décide d'acquérir en connaissance de cause.
Il est donc important de comprendre la signification exacte et de bien faire la distinction entre deux expressions:
Le commerce éthique: il vise à favoriser et à développer de bonnes conditions de travail chez les producteurs.
Le commerce équitable: mouvement créé au Pays Bas depuis le début des années 1960, connaît actuellement un phénomène d'accélération des ventes sur l'ensemble du marché Européen et Nord-Américain. Le commerce équitable est un commerce social qui vise à établir un rapport d'échanges satisfaisants pour tous et qui a pour principe d'aider des coopératives d'artisans dans les pays en développement à se développer de manière durable. Du producteur au consommateur, il vise à assurer une juste rémunération du travail des producteurs de pays en voie de développement qui s'engagent en retour à garantir les droits fondamendaux du respect des Droits de l'Homme parmi lesquels: Interdiction du travail des enfants, santé et sécurité au travail, interdiction du travail forçé (esclavage), la non-discrimination entre l'homme et femmes, entre personnes de races, de religions différentes, le contrôle des heures de travail, la liberté syndicale, etc..
L'IFAT (International Fédération of Alternative Trade) retient les critères suivants:
- création d'opportunités pour les producteurs économiquement défavorisés.
- transparence et responsabilité
- pratiques commerciales
- paiement d'un prix équitable
- limites au travail des enfants et interdiction du travail forçé
- non discrimination, égalité hommes-femmes, liberté d'association
- conditions de travail
- formation continue
- protection de l'environnement

Le commerce équitable représente une part très marginale du commerce international. On estime que les échanges équitables bénéficient à 1.5 millions de producteurs dans le monde. Le chiffre d'affaires global, en France, alimentaire et non alimentaire, s'éléverait à 230 millions d'euros.

Le commerce équitable contribuerait à masquer ce que l'on considère comme un problème: la réduction de la part de l'agriculture vivrière au profit des cultures d'exportation, ce qui rendrait dépendantes des achats du Nord, des populations qui pourraient développer leur souveraineté alimentaire indépendamment des habitudes de consommation des pays dits "riches". De là l'importance de consommer des produits locaux, qui ont un impact considérable sur l'environnement au vue des distances de transport. De plus on estime que la part qui revient au producteur reste minime dans la décomposition du prix du produit final.

Cantines scolaires, restaurants d'entreprises, etc..?
Le nouveau code des marchés publics adopté le 1er août 2006 (décret n°2006-975) consacre la prise en compte de considérations de développement durable comme principe de définition des besoins des acheteurs publics. Il fixe également comme principe l'allotissement des marchés publics. Vous pouvez allotir les marchés, et éviter ainsi que le marché soit infructueux, et insérer par exemple une clause qui pourrait être "Les produits fournis devront avoir été obtenus en conformité avec les règles du commerce équitable telles définies par les organisations internationales concernées (FLO, IFAT)".
Une résolution du Parlement européen sur le commerce équitable et le développement, adoptée le 6 juillet 2006, invite les pouvoirs publics à intégrer les critères du commerce équitable tels que définis par le mouvement international du commerce équitable dans la politique d'achat et à donner la priorité aux produits équitables.

Etat des lieux du commerce équitable en RHF
- Le principe d'allotissement me paraît en inéquation avec l'environnement, car il y a risque de démultiplier les fournisseurs , donc accroissement des camions de livraisons, sur-consommation de gazoil, pollution, etc..
- l'offre des gammes de produits adaptés à la RHF, est très peu développée (café en 1kg, thé en doses, sucre en dose,pâtes en 5kg, quinoa en 5kg, bananes).
- Les prix sont trop élevés en rapport aux prix proposés en marchés publics et surtout à la non-revalorisation des budgets alimentaires en collectivité.
- Le marché étant encore une niche, les coûts de transport de part les faibles volumes, sont exorbitants.
- Les acteurs des pouvoirs publics ont-ils une réelle volonté, sensibilité et responsabilité pour intégrer les critères du commerce équitable?

Tout simplement, le doute sur la bonne foi de certains labels de commerce équitable qui arguent de la réalité des prix, bien en-deçà de l'équivalence escomptée, laisse supposer que ces nouveaux intermédiaires prélèvent autant que les autres qu'ils décrient et qu'ils cherchent à concurrencer. Le commerce équitable n'est qu'un argument de vente comme un autre et il constitue une niche commerciale supplémentaire qui permet de différencier un produit d'un autre aux yeux du consommateur final.

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