mercredi 27 février 2008

La hausse des prix

Phénomène médiatique? Politique? Conjoncturel? Economique? Ou tout simplement gavage des intervenants ?

Un rapport publié par le magazine « 60 millions de consommateurs » enfle la polémique en faisant état « d’une flambée des prix de l’alimentation », prix relevés sur la période Novembre 2007 à Janvier 2008.
Bien sûr chaque intervenant (industriels, distributeurs, etc…) se renvoie la responsabilité.

Profitant de l’actualité sur la baisse du pouvoir d’achat, les médias tiennent le scoop du moment.
Pourtant le phénomène n’est pas nouveau.

Des études récentes ont démontré que les prix ont augmenté en moyenne de 12% depuis 3 ans, deux fois plus que l’inflation sur ces mêmes 3 années (indice l’INSEE).
En outre le passage à l’Euro en 2000 a aggravé ce phénomène.
Ainsi, en 2007, l’envolée des prix serait en moyenne de 40% selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation). A vérifier si pas plus!!!!

Invoquant la flambée des cours du pétrole (incontestable) et des matières premières comme le lait (hausse d’environ 40% entre janvier 2007 et janvier 2008) ou le blé (prix multiplié par 3), les industriels ont présenté des nouveaux tarifs rehaussés dés la fin du premier semestre 2007.

Cependant en tant que directeur des achats pendant de nombreuses années, j’ai pu apprécier bien d’autres motifs de hausses tarifaires plus ou moins justifiables, tels que :
- des raisons « économiques » comme le passage aux 35 heures, ou la hausse des coûts de transports en plus d’une taxe « hausse du carburant » en bas de facture, ou la hausse des fruits & légumes suite aux intempéries, ou aussi la hausse des produits dérivés du pétrole (emballage, plastique, etc..).
- des raisons « législatives » comme la hausse des œufs (et ovo produits) suite à la nouvelle réglementation sur les conditions d’élevage des poules pondeuses ( +40%) ou la taxation du saumon induite par le monopole des Norvégiens sur l’élevage, ou encore la taxation de la viande pour palier aux coûts des tests ESB (la vache folle).
Bref, j’en passe et des meilleures.

Mais jamais ces hausses, pourtant très importantes, n’ont suscité un tel engouement de la part des médias et des politiques !!

Aujourd’hui, on annonce des hausses allant de 5% à 50%, voire plus, sur les produits laitiers et céréaliers, mais comment expliquer que des produits comme le maïs, le café, le soja, les œufs, le jambon, les biscottes, le pain de mie, le bœuf, les filets de maquereaux et le riz subissent la même inflation ?
Il est vrai que dans certaines compositions de produits comme les biscuits, les ingrédients majeurs sont la farine de blé, le beurre et les œufs.
Mais pour le jambon?
Pas d’explications, sachant qu’après 3 années de hausses légères, le cours du porc en 2007 est revenu au cours de 2002. Ce n’est donc pas au producteur de porc que revient le bénéfice de cette hausse du prix du jambon.

Idem, la hausse du prix des produits comme les yaourts ou les fromages, n’est pas en corrélation avec celle du lait.
Certes le cours du lait a augmenté, mais sur un yaourt nature, le prix du lait ne représente que 30% du prix final.
Or les augmentations relevées font état de +17% à + 24% du produit fini selon les marques, voire +40% pour un produit au sucre de canne (mais cela est peut-être dû à l’augmentation des besoins en bio carburant?).
Autre exemple : un camembert au lait cru de 250g qui a subi une hausse de 32% sur le prix 2007, n’aurait du augmenter que de 24% si l’on n’avait effectivement répercuté uniquement que la hausse du prix du lait.
En effet , il faut 2 litres de lait pour faire un camembert, qui représenteront 98% du produit final et 60% du prix final .

Doit-on chercher la cause vers les besoins des nouveaux pays émergents comme la Chine, l’Inde, la Russie, etc…, qui déstabilisent le rapport entre l’offre et la demande ?

Subit-on un phénomène économique planétaire sur lequel nous n’avons aucune prise ?

Subit-on une réduction de l’offre consécutive aux événements climatiques comme la sécheresse ou les inondations ?

Subit-on des ententes préalables entre industriels et distributeurs pour préserver les marges arrières ? Là le débat serait trop long (peut-être le sujet d’un prochain article…).

Malheureusement encore une fois, notre regard (et celui des médias et des politiques) ne se porte que sur la GMS.

Qu’en est-il en RHF ?
Les hausses de prix sont les mêmes en RHF qu’en GMS.
Même si une partie de la RHF, à savoir les marchés publics, sont protégés par des clauses de sauvegardes des prix, avec possibilité de révision maximale de l’ordre de 2 à 3% pendant la durée du « contrat », à l’expiration de ce « contrat » et à son renouvellement, les hausses interviendront comme partout ailleurs, et pénaliseront les budgets des administrations qui ne sont pas extensibles.
Ce qui va entraîner une orientation sur un choix de produits à prix bas et de moindre qualité.
Et cela nous renvoie vers l’éternel cercle vicieux : coût , équilibre alimentaire et nutritionnel, développement durable et qualité.
Il est fort dommage que les médias et les pouvoirs publics ne s’intéressent pas à ce secteur d’activité pourtant très influent sur notre quotidien.
Mais qui, peut-être, n’est pas porteur de beaucoup d’électeurs, alors que le mot « pouvoir d’achat en GMS………… » je vous laisse juger par vous-même.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Que faire devant une information qui vient de partout et nul part!!!
La hausse des prix est bien la mais je suis d'accord qu'elle n'est pas nouvelle et que nos chers amis journalistes sont dans une phase dure de manque de sujets vendeurs...
En RHF, nous avons toujours été les parents pauvres de l'information, et sur ce sujet la tant mieux car nous nous battons chaque jours pour nos plateaux et la qualité qui y est servie.
Les grandes sociétés ont des augmentations importantes alors que certaines PME agro sont plus raisonnables.
A nous et nos clients de continuer notre travail dans le calme et la continuité pour toujours améliorer la qualité et la saveurs des plats que nous servons à notre seul maitre : notre convive.